L’ Europe que nous voulons, par Alexis Tsipras, leader de Syriza et candidat à la présidence de la Commission Européenne

Publié le par Parti de Gauche 94 Nord

«Face à une Europe qui fait accroître les revenus des riches et la peur des pauvres, nous proposons une autre Europe, la nôtre, fondée sur la solidarité, la protection économique et sociale, l’emploi et la qualité de vie».

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    La crise économique qui perdure a relevé les insuffisances et les limites du projet néolibéral d’intégration européenne. Il s’agit d’une intégration établie sur la libéralisation des mouvements des capitaux et une union monétaire confiée à la Banque Centrale Européenne, calque de la Banque Centrale Allemande. Ce processus d’intégration tend à la récession, il accentue les inégalités  tant à l’intérieur que parmi les états membres, il accroît le chômage et il tisse un fil de pauvreté qui enserre de plus en plus les classes sociales défavorisées. C’est surtout un mouvement offensif du capital envers le travail plutôt qu’un effort équitable et efficace de sortie de la crise.

    En fait, l’établissement politique de l’ Europe a saisi l’occasion de la crise économique pour réviser les fondements de l’économie politique d’après guerre. La gestion politique de la crise de la dette publique s’inscrit dans la perspective d’une conversion institutionnelle de l’Europe de Sud vers un modèle anglo-saxon de capitalisme néolibéral. La diversité institutionnelle au niveau étatique n’est plus tolérée. L’imposition des politiques concrètes par l’intermédiaire des directives est le fer de lance de la réglementation récente de la Commission Européenne qui prétend à vouloir assurer une gouvernance économique de l’euro-zone. La chancelière allemande, Angela Merkel et l’élite des bureaucrates néolibéraux de Bruxelles considèrent la dignité humaine et la solidarité sociale comme des phénomènes altérant la marche de l’économie. La souveraineté nationale les importune pareillement. L’Europe est réduite à l’austérité, à la soumission, à la déréglementation. Et pour la première fois, les jeunes se projettent dans un avenir plus sombre que celui de leurs parents.

    Cette Europe là n’est pas la nôtre. Cette Europe, nous voulons la changer. A la place d’une Europe livrée à la crainte du chômage, de la maladie, de la vieillesse, de la pauvreté, à la place d’une Europe au service des banques, nous soutenons une Europe au service des besoins de l’Homme.

    Nous revendiquons la réorientation de l’Union Européenne vers la démocratie et le progrès. Nous souhaitons la fin du néolibéralisme, de l’austérité qui impose des sacrifices aux deux tiers d’une société pour assurer la prospérité du tiers restant.

    La gauche européenne a à la fois la force d’âme et la vision politique nécessaire à la construction d’un consensus social plus large pour refonder l’ Europe sur une base démocratique, sociale et écologique.

    C’est ce projet politique qui a guidé ma candidature pour la présidence de la Commission Européenne en tant que représentant du parti de la gauche européenne. Et cette candidature n’est pas  une simple formalité. Ce qu’elle est, tout au contraire, c’est l’engagement d’apporter l’espoir et le changement. C’est un appel pour mettre fin à l’austérité. Pour la démocratie, pour le redressement. C’est un appel adressé à tous les citoyens de l’ Europe plus attachés aux principes démocratiques qu’aux dogmes de leurs partis politiques. Car tant que la récession, la stagnation économique ou une croissance anémique incapable de stimuler l’emploi se répandent en Europe, l’austérité frappera les peuples du Nord au Sud.

    Par conséquent, l’opposition à l’austérité dépasse les frontières nationales des états membres et crée  les alliances des forces sociales au niveau européen. L’austérité est préjudiciable à tous les gens qui travaillent, en dehors des critères géographiques. C’est pour cette raison que nous devons élargir l’indispensable alliance des pays du Sud en créant un mouvement plus large contre l’austérité, un mouvement pour la reconstruction démocratique de l’union monétaire.

    La gauche européenne est la force politique fondamentale pour le changement en Europe.

    - Nous soutenons la suppression immédiate des mémorandums et un redressement coordonné des économies des états membres.

    - Nous voulons une Banque Centrale Européenne authentique, qui assumera un rôle de prêteur en dernier ressort, non seulement pour les banques, mais aussi pour les Etats.

    - Nous soutenons que l’Europe a besoin de sa propre loi Glass-Steagall, en dressant une barrière entre les opérations des banques de dépôt et celles des banques d’investissement, afin d’éviter des opérations spéculatives à risque, liées à des entités bancaires incotrôlables.

    -  Nous voulons une législation européenne concernant le contrôle fiscal des activités des sociétés offshore.

    - Nous sommes aux premiers rangs de la lutte contre toute forme de corruption. Notre priorité est l’éradication de celle-ci dans le domaine des affaires, ainsi que le renforcement simultané des capacités des organismes de contrôle et de la résistance des peuples face à ce problème. Les fraudes des grandes sociétés représentent un coût économique et social immense, même pour les pays de leurs sièges sociaux.

    - Nous soutenons des décisions collectives, crédibles, et d’une efficacité durable concernant la sortie de la crise de la dette européenne, avec l’organisation d’une conférence à l’instar de celle de Londres en 1953, pour le règlement de la dette allemande.

    - Nous employons nos efforts pour faire reculer le fascisme et le nazisme en Europe et non pas la démocratie, contrairement aux politiques d’austérité.

Publié dans Front de Gauche

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