Bercy patron !

Publié le par Parti de Gauche 94 Nord

Prud'homales en moins, pourquoi ?

Front des luttes

Les élections des juges prud’hommes sont supprimées. Les seules ou tous les salariés de toutes les branches et de toutes les tailles d’entreprise votaient à égalité. Et c’était aussi la seule où tous les patrons de toutes les branches, eux aussi à égalité, élisaient leurs représentants. Bref : la seule élection qui donnait une vraie photographie sociale et « politique » du « monde de l’entreprise » et des deux classes sociales qui le composent. La seule qui établissait le même jour, dans la même élection, la véritable représentativité des travailleurs et des patrons. Bien sûr, Michel Sapin, cet immense démocrate, a su trouver l’argument : ça coûte trop cher (cent millions) et trop peu de monde vote ! Avec un tel raisonnement, les élections cantonales ou législatives partielles, pour ne parler que d’elles, devraient être supprimées. L’hypocrisie de Sapin est éclatante. Car avoir refusé d’organiser les bureaux de vote dans les entreprises a fait à la fois exploser les coûts et massivement dissuadé les électeurs salariés. Mais quel est le sens de cette décision. Par exemple, où est l’économie à réaliser qui sert de prétexte à la suppression si, comme le dit le ministre, la somme est distribuée aux syndicats représentatifs ?

Cette suppression est en réalité une faveur qui perpétue le quasi-monopole de la représentation par le Medef.
Et le Medef est représentatif par la grâce de… ? De rien. De lui-même. Du droit divin du patronat de droit divin. Mais il n’est pas seul dans ce cas même s’il mange la grosse part de la galette. L'Etat, en effet, reconnaît, en dehors de toute règle légale et de tout critère de représentativité, trois organisations: le Medef, la CGPME, et l’UPA. Ces trois organisations se partagent 700 000 mandats dans les organismes sociaux, sans aucune élection. La représentativité patronale est une zone de non droit.
S'il faut que les patrons soit représentés, alors qu’ils votent eux aussi et que les votes servent à déterminer la représentativité de chacun ! La démocratie, même entre eux, n’est pas leur fort il est vrai. Sept patrons sur dix ne se sont pas déplacés pour les élections prudhommales de 2008. Mais ceux qui sont allés voter ne sont pas respectés pour autant. Par exemple, l’Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire n’est pas considérée comme un syndicat patronal représentatif. Pourtant elle a obtenu 19% des voix à ces élections prud’homales dans le collège patronal. Cette branche patronale compte 800 000 entreprises et celles-ci emploient 2 millions de salariés. A l’inverse quand des professions entières quittent le Medef, cela ne diminue rien de sa prétendue représentativité. Ainsi après le départ de l’Union des industries alimentaires en 2010 ! A la sortie, les donneurs de leçons patronaux ne sont guère en état de faire les malins. A peine 8% des patrons sont membres d'une des trois organisations patronales « reconnues » !

Dans les faits, le Medef ne représente pas « les entreprises », ni même « le monde de l’entreprise ». C’est seulement l’organisation qui agit pour le compte des très grandes entreprises, des activités de service et de la finance la plus concentrée. Des pans entiers de l'économie ne sont pas représentés par cette organisation patronale. Je viens de citer le départ du Medef de l'Union des industries alimentaires. Avec ses 500 000 salariés, elle était le 5ème contributeur cette organisation. Mais on pourrait aussi noter que l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, qui n’est pas rien dans l’économie de notre pays, n’est pas membre du Medef. La limite de la représentativité du Medef est affirmée par les secteurs du patronat que cette organisation traite de haut. Ainsi, en quittant le Medef, l'industrie agro-alimentaire a justifié sa décision par le manque de visibilité et d'influence face à d'autres branches industrielles puissantes au Medef : automobile, chimie, métallurgie. Elle se sentait mal défendue face à d'autres secteurs patronaux, notamment ceux de la grande distribution. Elle mettait en cause l’insuffisante prise en compte des intérêts des PME, qui représentent pourtant 92 % de l'industrie alimentaire. La CGPME est favorable à une représentation sur la base d'élections. Le Medef ignore la question. La décision de Michel Sapin le met à l’abri pour un bon moment.
Bercy patron !

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